Il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’Imbolo Mbue fait aujourd’hui partie de cette nouvelle génération de jeunes africains, déterminée à mettre en lumière ce qui constitue véritablement l’Afrique noire, ses coutumes, ses souffrances, ses joies, ses harmonies, ses contradictions, bref sa réalité.
La camerounaise est aujourd’hui une icône de la littérature africaine, de son Cameroun natal. Elle fait parler et fait entendre dans le monde entier la belle voix anglaise de l’âme, de l’Humain camerounaise.
Le roman « How Beautiful We Were » et la question anglophone au Cameroun
« Nous aurions dû le savoir, la fin était proche. » C’est par ces mots que débute la narration de l’histoire du roman, qui se déroule dans un village africain.
Il y a un parallèle frappant entre les faits relatés dans le roman et la manifestation du conflit anglophone au Cameroun, pays natal de l’auteure.
Il est dans le roman question de pétrole, comme on peut, en effet, en trouver dans la ville de Limbé, ville située dans la Région du Sud-Ouest du Cameroun.
Ce pétrole est cause de disputes, des disputes qui donneront lieu à un conflit. Les populations, se sentant opprimées par leurs dirigeants, se retourneront finalement contre ces derniers et feront le choix de les combattre.
Si l’on sort de la fiction subjective du roman, et qu’on pose un regard objectif sur les difficultés politiques dans le Cameroun anglophone, on se rend compte que ce roman, « How Beautiful We Were », est à bien des égards un reflet littéraire de la mémoire collective des camerounais anglophones.
Dans une déclaration franche et ouverte, elle disait un jour à ce propos : « J’écris avec mon cœur lorsque j’étais enfant [au Cameroun anglophone, ndlr.], les injustices me tenaient éveiller la nuit. »
Imbolo Mbue est crue dans son propos. Cela se voit qu’elle est dévouée aux exigences du réalisme, à savoir : peindre la réalité telle qu’elle est, et non tel qu’on aimerait qu’elle soit. Elle dit à ce propos :
« Cela ne signifie aucunement que je vais dire aujourd’hui aux gens comment ils doivent se comporter. Il me semble que ma passion, en tant qu’écrivaine, consiste à simplement apporter un témoignage, rapporter ce que j’ai vécu et entendu, ce qui a retenu mon attention ou ce qui m’a touché.«
Imbolo Mbue est donc réaliste. Oui. Mais son réalisme est plus réel, plus cru, plus détaillé; en un mot : plus français que britannique. On dirait notamment de Balzac à l’œuvre.
Mais notre auteure emprunte aussi du romantisme et du symbolisme. Et là encore, c’est en France qu’il faudra probablement chercher ses maîtres, ses exemples, si cette icône autodidacte en a jamais eu besoin. Le roman est sorti au printemps de l’année 2021. MUNTUNEWS conseil vivement sa lecture.
Son départ du Cameroun
Imbolo Mbue a grandi à Limbé, ville côtière de la Région du Sud-Ouest du Cameroun. À 17 ans, elle immigre aux États-Unis, où des proches financent ses études. Elle fait l’université Rutgers dans l’État du New Jersey, et plus tard l’université Columbia (New York) dont elle est diplômée. Elle travaillera ensuite pour un organe de presse.
Vocation et percée littéraire
Elle est aujourd’hui l’auteur du best-seller du New York Times, « Behold the Dreamers », qui a remporté le « PEN / Faulkner Award for Fiction », le « Blue Metropolis Words to Change Award », et qui a été sélectionné par « l’Oprah’s Book Club ».
Nommé « livre remarquable de l’année » par le New York Times et le Washington Post, et meilleur livre de l’année par près d’une douzaine de publications, le roman a été traduit en 11 langues, adapté en opéra en Pologne, et a récemment été choisi pour un film. MN
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