La Crise anglophone : Une Crise des Droits de l’Homme

Crise anglophone droits de l'hommeEKONA YARD, BUEA, SUD-OUEST CAMEROUN. 11 MAI 2019 : Se trouvant dans un ancien bâtiment scolaire, un groupe de femmes attend recevoir une aide alimentaire d’une ONG locale Celle-ci est en train d’enregistrer des résidents déplacés. Nombre de ces personnes déplacées viennent de villages voisins attaqués par des militaires en guerre contre des séparatistes armés. (Photo de Giles Clarke/UNOCHA via Getty Images)

L’effritement des droits de l’homme au Cameroun s’est accéléré avec l’avènement de la crise anglophone, le conflit armé dans les régions du Nord et du Sud-Ouest. Depuis le début de cette crise, la violation des droits de l’homme est devenue quasi-quotidienne.

Faits marquants

  • D’après les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme comme International Crisis Group, Humans Right Watch, REDACH, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun, dans leur différent rapport sur le Cameroun, la crise dans les régions du Nord et du Sud-Ouest est à l’origine de la violation de nombreux droits des Citoyens
  • D’après ces organisations, c’est le déni, le mépris et la réaction brutale du gouvernement à travers les forces de maintien de sécurité qui ont accéléré la crise dans le Nord et le Sud-Ouest laquelle crise a entrainé la violation des droits humains.
  • Le droit à l’éducation a particulièrement été touché à cause de cette crise dans les régions concernées.
  • Les populations civiles ont plus été victimes de la violation de leur droit même si les forces antagonistes en partissent également.
  • La tuerie de Ngarbuh et l’assassinat des jeunes écoliers à Kumba font partie des violations des droits humains les plus médiatisés dans cette crise ces deux dernières années.

De la grève à la crise

La crise qui sévit actuellement dans les régions du Nord et du Sud-Ouest a commencé par une grève des avocats d’expression anglaise lancée le 11 octobre 2016 pour dénoncer l’absence du droit anglais dans le système judiciaire camerounais et militer en faveur de l’intégration effective de la Common Law dans les juridictions des régions du Nord et du Sud-Ouest.

Les avocats ne sont pas écoutés et le 8 novembre, ils organisent une marche populaire à Bamenda afin de réitérer leur demande. Mais, ce jour-là, les autorités avaient brillé par une répression des manifestants. Or, ceux-ci jouissaient de leur droit à la grève pourtant reconnu dans la loi fondamentale.

Le 21 novembre, les enseignants entre eux aussi en grève. La réaction des autorités est toujours violente. 7 jours plus tard, c’est-à-dire le 28 novembre, les étudiants de l’Université de Buea dans le Sud-Ouest entrent aussi en grève. Les autorités académiques invitent les forces de l’ordre au « festin de la répression ».

C’est ainsi que de grève en grève, de répression en répression et d’arrestation en arrestation, la crise s’est enlisée. Au-delà donc d’être une simple crise sécuritaire, la crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun est, dans sa négation des droits fondamentaux de l’humain à la vie et à liberté d’expression et de manifestation, d’abord une crise des droits de l’homme.

Les droits de l’homme à l’autel de la crise anglophone 

L’enlisement de la crise dans ces régions est donc une crise des droits de l’homme. Car, dès le début, les avocats, les enseignants et les étudiants ne faisaient que jouir de leurs droits à la grève, à la liberté d’expression, à la liberté de manifestation reconnus dans les lois nationales et internationales auxquelles le Cameroun est partie.

Les étudiants par exemple s’exprimèrent à travers une marche pacifique et réclamèrent le versement de leur prime d’excellence que le Président de la République accorde chaque année aux étudiants.

Ces étudiants s’exprimèrent également sur l’interdiction en 2012 de l’association de défense des droits des étudiants de l’Université de Buea à savoir l’University of Buea Student Union. Ils réclamèrent le retour à la légalité de cette association.

Le champ de protestation portait aussi sur l’instauration d’une pénalité en cas de retard de paiement des frais de scolarité et autres. Ces étudiants donnaient leur opinion sur un état de fait qui leur était défavorable.

Mais au lieu de discuter avec eux afin de trouver un juste milieu, c’est plutôt la police qui fut mobilisée. C’est ainsi que des étudiantes furent battues, roulées dans la boue.

Que dit la loi ?

Les autorités gouvernementales avaient répondu aux grèves successives des avocats, des enseignants et des étudiants par des brimades, des arrestations, des violences de tout genre.

Or, dans la constitution camerounaise, il est écrit dans le préambule que « toute personne a le droit à la vie et à l’intégrité physique et morale. Elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité. En aucun cas, elle ne peut être soumise à la torture, à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

Le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques auquel le Cameroun est partie depuis 1984 interdit également la violation de l’intégrité physique et morale, la torture et autres traitements inhumains.

Les enfants – Les plus vulnérables

Au fil du temps, avec la généralisation de la crise, tous les droits de l’homme sont violés dans cette partie du pays et au-delà. Le plus regrettable est par exemple le droit à l’éducation. L’on estime à 80% le pourcentage des établissements scolaires ayant fermés. Environ 860 000 enfants seraient ainsi déscolarisés depuis le début de la crise.

L’on a tristement souvenance de l’assassinat des écoliers à Kumba le 24 octobre 2020. A cela s’ajoute plus de 3000 camerounais tués, c’est-à-dire dont leur droit à la vie a été violé.

Selon le gouvernement et certaines organisations de défense des droits humains, les forces séparatistes sont, elles aussi, à l’origine de nombreux cas de violation des droits de l’homme.

D’autres organisations pointent régulièrement du doigt certaines forces de maintien de l’ordre. Le drame de Ngarbuh le 14 février 2020 avait confirmé l’implication de ces dernières dans les violations des droits de l’homme dans cette crise. MN

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