L’Afrique francophone 61 ans après les indépendances – L’État des lieux

L’Afrique francophone - 1960 IndépendancesPays francophones en Afrique ayant obtenu l'indépendance de la France au cours de l'année 1960 - © MUNTUNEWS

L’Afrique francophone 61 ans après les indépendances – En 1960, 14 colonies françaises en Afrique accèdent à l’indépendance.

  • Le Cameroun français : le 1 janvier
  • Le Togo français : le 27 avril
  • Madagascar : le 26 juin
  • Le Dahomey (devenu Bénin) : le 1 août
  • Le Niger : le 3 août
  • La Haute-Volta (devenue Burkina Faso) : le 5 août
  • La Côte d’Ivoire : le 7 août
  • Le Tchad : le 11 août
  • Le Centrafrique : le 13 août
  • Le Congo (Brazzaville) : le 15 août
  • Le Gabon : le 17 août
  • Le Sénégal : le 20 août
  • Le Mali : le 22 septembre
  • La Mauritanie : le 28 novembre  
Philibert Tsiranana, le premier Président malgache, et Michel Debré, Premier ministre français, signent à Paris le 2 avril 1960 les Accords franco-malgaches. Le 26 juin, la République de Madagascar est proclamée – Image : Service de Presse et d’Information France, public domain.

La période coloniale désormais derrière eux, les jeunes États se projettent dans l’avenir qu’ils espèrent radieux sous le leadership de la France.

Et même si, à cet égard, il y a bien sûr des différences à noter selon les particularités de chacuns de ces États, telle fut néanmoins en gros la posture postcoloniale. Celle-ci consistait à dire : indépendant oui, mais évoluer, croître et fleurir sous la serre et la protection de Paris.

Mais 61 ans plus tard, l’enthousiasme des débuts a complètement disparu. Car les résultats de six décennies d’indépendance sont contraires aux attentes. Car au lieu de la prospérité, que l’on croyait pouvoir obtenir sans labeur sérieux et permanent, c’est la misère et la désolation qui dominent partout.

Aujourd’hui, les choses sont parfaitement claires. La désillusion semble s’être imposée. Les reculs et les échecs parlent pour eux-mêmes : démocratie, niveau de vie, libertés d’expression, niveau de corruption. Tous ces indices sont au rouge.

Démocratie

Le « score » est un indice établi par l’ONG ProDémocratie Freedom House. Il est établi sur la base d’indicateurs tels que la fiabilité du processus électoral, le pluralisme politique et la liberté d’expression et de culte.

Ce ne fut pas de gaieté de cœur que la France accorda l’indépendance à ces pays. Sous pression, elle dut se résoudre à le faire. Elle se voyait confronté à une mouvance de plus en plus nationaliste et patriotique dans différents pays d’Afrique francophone, notamment au Cameroun – Elle y menera une guerre particulièrement brutale contre les indépendantistes de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).

Leaders de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) – De gauche à droite : Ossendé Affana, Abel Kingué, Ruben Um Nyobe (Secrétaire Général), Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié- Image : Samhorry, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Les aspirations qui motivaient la démarche des leaders de cette mouvance furent entre autres : la démocratie, les libertés civils et les droits politiques. Mais l’indépendance advenue, aucune de ces espérances ne fut réalisée.

La France, quant à elle, se réservera la part du lion. Sous pression, en effet, et encore indécise au début, elle s’û vite se ressaisir. Elle accordera certes l’indépendance à ses anciennes colonies et territoires sous-tutelle, mais elle veillera à ne perdre aucun de ses avantages structurels.

Sa démarche consistera à choisir parmi les élites de ces pays les moins « hostiles à la France », et à les propulser chacun à la tête de ces jeunes États.   

Après la signature de différents Accords de Coopérations avec les futurs Présidents, la France leur laissera enfin le soin de « s’occuper » de leurs opposants, les « hostiles ».

Elle restera toutefois auprès de ses nouveaux « hommes de mains ». Elle les assistera dans la gouvernance, mais aussi dans la répression des voix dissidentes. En dehors du Sénégal, tous ces pays sombreront dans la dictature et le totalitarisme.

Le niveau de vie

Créé par les Nations unies, L’IDH est un indice pour évaluer le taux de développement humain des pays du monde. Il se fonde sur trois critères : le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants de 17 ans et plus.

Face à l’absence totale d’institutions démocratiques fortes, plusieurs de ces pays connaitront des coups d’État. L’un des plus sanglants fut celui en République du Congo. Il opposa le Président en fonction Pascal Lissouba au colonel Denis Sassou-Nguesso. Autres coups d’État eurent lieu au Tchad, au Centrafrique, en Côte d’Ivoire entre autres.

Le colonel Denis Sassou-Nguessou, président de la République Populaire du Congo, quittant le pays – Image : AMN GERALD B. JOHNSON, U.S. Air Force, Wikimedia Commons, public domain.

L’une des conséquences visibles de ces instabilités et de l’absence de l’État est l’extrême misère.

À l’exception du Gabon (pays d’environ 2 millions d’habitants), tous ces pays d’Afrique francophone ont des résultats en dessous de la moyenne mondiale, concernant l’Indice de Développement Humain (IDH).

Dans aucun de ces pays le niveau de vie n’a connu une amélioration considérable en 61 ans. Il y a eu, au contraire, de graves reculs sur ce point.

Pauvreté

Ratio de la population pauvre disposant de moins de 1,90 USD par jour (% de la populations) – Source : Banque mondiale – MUNTUNEWS (infographie)

À l’exception du Gabon et de la Mauritanie, plus d’un quart de la population dans les pays francophones d’Afrique – devenus indépendants en 1960 – vivent dans l’extrême pauvreté. À Madagascar c’était plus de 75% de la population en 2012. Au Centrafrique plus de 60% en 2008.

Corruption

L’Indice de Perception de la Corruption (IPC) classe les pays selon le degré de corruption perçu dans un pays. L’indice est élaboré à l’aide d’enquêtes réalisées auprès d’hommes d’affaires, d’analystes de risques et d’universitaires résidant dans ces pays ou à l’étranger.

La corruption persiste et s’aggrave dans tous ces pays d’Afrique francophone. Elle est particulièrement décourageante pour ceux des investisseurs privés qui n’ont pas le rare privilège de connaitre un ou plusieurs « facilitateurs » dans les cercles restreints de pouvoir. MN

1 Commentaire sur "L’Afrique francophone 61 ans après les indépendances – L’État des lieux"

  1. Si tout le monde le sait alors pourquoi !?

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