Selon la Banque mondiale, l’indice du développement humain du Cameroun est de 0,52 en 2020 contre 0,56 un an plutôt, soit en baisse de 0,04 point. Le pays occupe ainsi le 156^e rang mondial sur 189 pays du classement du PNUD.

Quant à l’indice du capital humain, il est de 0,40 en 2020 selon la même source. En d’autres termes,  le niveau d’éducation et l’état de santé des enfants camerounais contribuent à hauteur de 40 % à leurs productivités futures en tant que travailleurs.

Les indices mondiaux de mesure de développement

L’indice de développement humain (IDH)

L’indice de développement humain (IDH) a été mis en œuvre en 1990 par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Il vient palier aux insuffisances du produit intérieur brut par tête (PIB/tête) utilisé pour les comparaisons internationales jusqu’à lors basées sur la richesse par tête.

L’IDH s’impose comme l’indicateur le plus pertinent de mesure du bien-être comparable des populations à l’intérieur d’un pays. C’est une combinaison de l’espérance de vie à la naissance, du taux de scolarisation et du PIB/tête en parité du pouvoir d’achats.

Depuis décembre 2020, le PNUD a intégré les questions climatique et écologique dans la 30^e édition de son indicateur de développement humain.

L’indice du capital humain (ICH)

Le nouvel indice du capital humain (ICH) a été proposé par la Banque mondiale en 2018. Il mesure le niveau du capital humain qu’un enfant né aujourd’hui est susceptible d’avoir avec ses 18 ans compte tenu des services de santé et d’éducation dans son pays.

En outre, l’indice du capital humain mesure la contribution de l’état de santé et d’éducation à la productivité du travail.

Il prend en compte la qualification et le bien-être de l’enfant. Spécifiquement, il s’agit des variables tels que le nombre d’années de scolarisation escomptées, le taux de survie, la santé et la proportion des enfants n’ayant pas un retard de croissance.

Plan

• Sources de données
• L’évolution de l’indice  développement  humain du Cameroun
  • Un indice de développement humain moyen, mais en baisse
  • Dynamique d’évolution de l’IDH au Cameroun de 1990 à 2020
• Le niveau du capital humain des jeunes camerounais
  • L’indice du capital humain des jeunes camerounais est faible
  • Le classement du Cameroun au niveau africain
• Lien entre l’indice du développement humain et la croissance économique.
• Conclusion

Sources de données

Les données proviennent du groupe de la Banque mondiale. Elles portent d’une part sur l’IDH au cours de la période 1990 à 2020. D’autre part, elles portent sur l’ICH en 2020.

L’évolution de l’indice de développement humain du Cameroun

Un indice de développement humain moyen, mais en baisse

L’IDH varie de 0 à 1. Lorsque sa valeur se rapproche de 1, on dit que le pays a un capital humain très développé. A l’inverse, lorsqu’il se rapproche de 0, alors le capital humain est moins développé.

Le Cameroun a un IDH moyen. En effet, il se situe à 0,52 en 2020 contre 0,56 un an plutôt, enregistrant ainsi une baisse de 0,04 point en un an. Cette baisse, peut-être attribuée à la Covid-19, n’est pas la première. De telles baisses furent observées entre 1991 et 1993, puis une autre plus légère entre 1995 et 1996.

La valeur de l’indice représente presque la moitié de celle de la Norvège (0,96) qui a l’indice le plus élevé au monde en 2020. Au niveau africain, l’indice se situe bien en dessous du niveau norvégien, avec un écart d’à peu près 30 points de celui de l’Île Maurice (0,80) qui enregistre le plus haut niveau de l’indice sur le continent africain.

Dynamique d’évolution de l’IDH au Cameroun de 1990 à 2020

Bien qu’à tendance croissante, la série de l’IDH du Cameroun sur la période 1990-2020 croit lentement. Quelques baisses observées au cours de cette série témoignent en effet de la progression lente de la qualité du capital humain camerounais.

Passé de 0,45 en 1990 à 0,52 en 2020, l’indice n’a cru que de 0,07 sur 30 années, soit une croissance moyenne de 10 %. Si on suppose que le niveau d’évolution de l’indice sera pareil pour les 30 prochaines années, il ne sera que 0,59 en 2050. Soit en dessous de celui du Maroc (0,62) qui occupe la dixième position africaine en 2020.

Le niveau du capital humain des jeunes camerounais

L’indice du capital humain des jeunes camerounais est faible

L’ICH s’interprète comme un indicateur de la contribution des conditions actuelles d’éducation et de santé à la productivité des travailleurs de demain. Un pays est dit à fort potentiel humain capable d’améliorer sa productivité future lorsque la valeur de son ICH s’approche de 1.

Selon la Banque mondiale,  0,40 est la valeur de l’ICH du Cameroun en 2020 contre 0,38 un an plutôt. En d’autres termes, au fils du temps, les nouveaux travailleurs auront été dépourvus de 60 % de leurs capacités productives par rapport au scénario selon lequel ils auraient bénéficié d’une éducation complète et d’une santé parfaite.

Ainsi, un ICH de 0,40 aurait besoin pour aboutir à une éducation complète et une santé parfaite d’un PIB par travailleur de 1/0,40=2,5 fois plus élevé.

Le classement du Cameroun au niveau africain 

L’ICH du Cameroun est faible à l’instar de ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne. En effet, avec un score de 0.40, identique à ceux du Burundi, du Bénin, de Madagascar et de la Tanzanie, le Cameroun reste dans le lot des pays à ICH faibles devançant le Rwanda, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Soudan, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire.

Seuls les pays d’Afrique du Nord se sont démarqués avec des valeurs d’ICH moyens tournant autour de 0,50. Il s’agit de l’Algérie (0,56), de la Tunisie (0,54), du Maroc (0,52) et de l’Egypte (0,51).

Les nombres d’années d’études moyennes escomptées pour les jeunes camerounais sont de 8,3 années alors qu’il est de 12,2 pour l’Algérie ayant le plus grand score au niveau africain (0,56).

Quant au taux de survie d’adultes, il est de 72 % au Cameroun contre 92 % en Algérie et 94 % au Maroc.

Lien entre l’indice du développement humain et la croissance économique

Les travaux sur le lien entre la croissance et le capital humain ont été abordés par plusieurs économistes et remontent jusqu’aux classiques.

L’économiste Adam Smith (1776), en s’intéressant à la richesse des nations, révélait que l’accumulation de la richesse des nations était liée à la division du travail et à l’aptitude des travailleurs.  

Schultz W. (1961) a expliqué que les inégalités de revenu entre les différentes firmes sont dues aux différences d’investissement dans le capital humain.

Ses travaux ont été complétés par ceux de Becker qui a travaillé sur la conception microéconomique du capital humain. En effet selon lui, l’investissement dans les capacités productives d’un individu via l’éducation peut générer un revenu futur amélioré de ce dernier.

Ainsi, nos analyses économétriques révèlent un lien positif entre l’IDH et la croissance économique si bien que l’indice n’explique pas plus de 25 % de la croissance économique.

En effet, lorsque l’IDH augmente, toutes choses étant égales par ailleurs, la croissance économique du Cameroun croit. En d’autres termes, lorsque l’IDH augmente d’1%, la croissance augmente de 0,38 %.

Ce résultat confirme donc l’intuition théorique selon laquelle le capital humain est une source de croissance économique et donc un facteur de développement.

Conclusion

Le niveau de développement d’un pays dépend de la qualité de son capital humain. Un capital humain de bonne qualité, c’est-à-dire bien éduquée et en bonne santé est porteur de la croissance économique et du développement. Au Cameroun, le l’IDH explique la croissance économique à 25 %.

Si l’IDH, principale source de croissance, est à son niveau moyen, il croit néanmoins lentement. Les jeunes sont dépourvus de 60 % de l’opportunité d’améliorer leurs productivités futures.

Ils constituent aujourd’hui une charge pour le planificateur central et donc pour le contribuable. Ils sont sans doute dépourvus en grande partie de la capacité à rentabiliser cet investissement. MN

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