L’Union des Populations du Cameroun d’hier à aujourd’hui

L'UPC Cameroun

Le parti de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) a fait un long chemin dont le bilan reste mitigé. De la légalité à l’illégalité, puis retour à la légalité depuis 1991 et des factions, le parti du crabe noir souffre de querelles intestines et doit se battre pour sa propre survie.

La vérité découle d’elle-même dans l’actualité. L’UPC, le parti du martyr Ruben Um Nyobe et de grandes figures des luttes pour l’indépendance fondée en 1948, se bat pour retrouver ses lettres de noblesse.

Des tendances qui remontent à 1991

Après la dissolution de l’UPC le 13 juillet 1955, le parti dont les leaders seront exilés va fonctionner dans la clandestinité. Portant les espoirs de milliers de camerounais en ce temps, cette année va marquer un tournant dans les habitudes politiques du parti.

La violence jusque-là peu appréciée, va être désormais considérée comme le seul recours. Ceci qui va déclencher une confrontation avec l’administration de l’époque.

Il s’en suit empoisonnement, arrestation, intimidations judiciaires et fausses accusations, qui vont rythmer la traque des leaders exilés. Félix-Roland MOUMIE, OSENDE AFANA, Ernest OUANDIE, tombent tous les uns après les autres.

L’avènement du multipartisme au Cameroun, vient ranimer la vie politique du pays. L’Union des Populations Camerounaises (UPC) revient à la légalité. Cependant ce retour sonne le glas des années de lutte pour laisser place à une période incertaine pour le parti.

Différentes tendances du mouvement sont créées après son renouveau, et tiennent des congrès plus ou moins unitaires en 1991,1996 1998, 2002, 2004, et 2007.

En 1997, le candidat du parti Pr. Henri HOGBE NLEND sortira second derrière Paul Biya à l’élection présidentielle de cette année. En 2004, la Cour Suprême rejette la candidature officielle du Dr Samuel MACK KIT, candidat du parti. Le parti se contentera au fil des décennies de postes au parlement et de ministères dans le gouvernement jusqu’en 2007.

L’aube du rétablissement ?

 « Cette UPC doit s’organiser, elle doit rebondir, elle doit conquérir. Il s’agit d’une UPC respectueuse de ses propres textes et de la légalité républicaine, d’une UPC pure comme le cristal, d’une UPC dure comme le diamant, d’une UPC concurrente.

Cette UPC qui vaincra, c’est elle qui vivra. » Ces propos de HABIBA ISSA, Présidente en exercice de l’Union des Populations du Cameroun, lors de son allocation à la veille du nouvel an 2020 relève les secousses connues par le parti.

En effet, le parti se factionne à partir de 1992. L’on voit émerger cinq principales factions du nom de leur leader. Ainsi nous avons : la faction UPC-NTUZAMAH, la faction UPC-KODOCK, la faction UPC-HOGBE NLEND, la faction UPC « des fidèles », et le MANIDEM.

Trois sous-factions dont la sous-faction UPC-OUANDJI, la sous-faction UPC-BAPOOH qui se réclame investit de l’héritage d’Augustin Frédéric KODOCK, et la sous-faction UPC-Papy NDOUMBE.

La faction Augustin Frédéric KODOCK était décrite comme « modérée » tandis que celle de Ndeh NTUZAMAH était considérée comme « plus radicale ». La faction de Ndeh a boycotté les élections législatives de 1992, tandis que la faction de KODOCK s’y est présentée.

Cette faction vient du fait des décisions d’Augustin Frédéric KODOCK de ne pas se présenter comme candidat, mais de donner son appui à Paul BIYA lors des élections présidentielles de cette année-là.

La nature de cette lutte intestine ne facilite pas les actions du parti du crabe noir. Les factions, chacune portées par une idéologie, ne permettent pas au parti de participer à la vie politique du pays.

International Crisis Group dira à cette époque que l’UPC s’est divisée entre « l’opportuniste Augustin KODOCK et Ndeh NTUZAMAH, plus âgé et plus fidèle aux principes du parti ».

A la mort de NTUZUMAH en janvier 2010, sa famille n’a pas permis au secrétaire Général du parti de s’exprimer à ses funérailles. C’est dans une ambiance conflictuelle que l’un des pères fondateurs a laissé le parti qui aujourd’hui recherche encore son unité.

La tendance KODOCK

La tendance KODOCK est jugée par certains militants du parti en 2012 comme étant « gouvernementale ». Il va diriger cette faction jusqu’à sa mort en 2011. Sa gestion de la faction sera marquée par de nombreuses actions mal appréciées au sein du parti.

En l’occurrence, il lui a été reproché une alliance avec Paul BIYA. Une alliance pendant des années au cours desquelles il a occupé plusieurs postes dans les gouvernements successifs de la mandature Biya.

L’ouvrier pour la re-légalisation du parti en 1991, avait été voté Secrétaire Général de l’UPC la même année. Jusqu’en septembre 2007, où il s’est fait retirer son poste de ministre pour avoir, selon des sources, « tourné le dos » à son alliance avec le parti au pouvoir et la perte de ses appuis.

La tendance HOGBE NLEND

L’UPC HOGBE NLEND est une faction considérée par beaucoup comme « gouvernementale ». Elle résulterait d’une scission en 2001 avec la faction dirigée par Augustin Frédéric KODOCK et une autre dirigée par Henri HOGBE NLEND.

Pendant la période où la faction KODOCK s’oppose de plus en plus à Paul BIYA, celle de HOGBE aurait continuée à le soutenir. Il aura été candidat malheureux aux élections de 1992 et 1997.

Lors des élections législatives de 2002 la faction KODOCK et la faction NLEND sont traités sans distinction, mais chacun va affirmer son appartenance. Sa candidature rejetée aux élections présidentielles de 2004; il va s’allier à d’autres partis politiques pour présenter un candidat unique contre le président BIYA.

La tendance « des fidèles »

L’UPC « des fidèles », une faction qui se réclame de la posture originelle des pères fondateurs ; défend l’idée qu’Augustine Frédéric KODOCK aurait créé un nouveau parti à qui le gouvernement camerounais aurait illégitimement donné un statut légal, même si l’ancienne UPC existait toujours.

Les dirigeants de cette faction au rang desquels le Secrétaire Général de l’UPC « des fidèles » Albert MOUTOUNDI, et le président Alexis NDEMA SAME jugent que la faction proche d’Augustin Frédéric KODOCK est proche du gouvernement.

Jusqu’en 2011, cette faction était présidée par Samuel MACK-KIT dont la candidature aux élections présidentielles de 2004 sera rejetée par le Conseil Constitutionnel.

La tendance MANIDEM

Le MANIDEM pour Mouvement Africain pour l’Indépendance et la Nouvelle Démocratie aurait été, selon une source, « anciennement » faction de l’UPC, plus connue sous le nom de l’UPC-MANIDEM.

Cette faction tout de même maintient la « tradition radicale de l’UPC sans pour autant être autorisée par la justice à utiliser son nom. Il a eu pour leaders Pierre ABANDA KPAMA et Anicet EKANE qui se présentera aux élections présidentielles de 2011.

Rassemblement des tendances

Plusieurs tentatives de rassemblement de ces factions ont été organisées. Mais sans conclusion satisfaisante. Le 17 Janvier 2012, une rencontre à Yaoundé, en vue de « parachever le processus de rassemblement et d’unification du mouvement » ne réussira pas à porter du fruit. Henri HOGBE NLEND avait manifesté des efforts pour cette réunification.

Mais tel ne fut pas le cas pour « les fidèles ». De nouvelles divisions apparaissent au sein de la faction KODOCK à la suite de son décès. Trois sous-factions vont présenter leurs propres listes pour les élections sénatoriales d’Avril 2013.

L’UPC aujourd’hui n’a aucun siège à l’Assemblée Nationale. Les trois sièges qu’elle avait ont été perdus. Selon un média en ligne, l’UPC « a davantage fait parler d’elle dans la rubrique des faits divers plutôt que par la force de ses propositions ou encore par une véritable animation du jeu politique national où elle aspire à jouer les premiers rôles ».

Certains imputent cette perte de prestige du parti à Augustin Frédéric KODOCK à cause de sa présence dans les gouvernements de BIYA.

Le controversé BAPOOH LIPOT

Leader de la sous-faction BAPOOH, l’honorable BAPOOH LIPOT aujourd’hui s’illustre comme porte étendard du parti. Une prétention qui n’est pas du goût de toutes les factions.

Dans une situation d’impasse due à des problèmes internes, le Ministre de l’Administration Territoriale Paul ATANGA NJI avait procédé à la nomination d’un « Secrétaire Général » Pierre BALEGUEL NKOT en contestation avec le Secrétaire Général élu Pierre BAPOOH LIPOT.

Cette action du ministre, fustigée par la présidente HABIBA ISSA élue au congrès de 2017, est en violation des textes de fonctionnement du parti qui interdisent notamment l’ingérence du gouvernement dans les affaires internes du parti. De 2017 au début de l’année 2020, les Secrétaires Généraux contestaient mutuellement les décisions de chacun.

 Depuis quelques semaines déjà, L’honorable BAPOOH LIPOT s’illustre comme le Secrétaire Général légitime du parti, une position qu’il affirme et dont l’écho en est fait dans certains  médias camerounais.

La présidente du parti dans son allocution a relevé que 2019 a été une année noire en partie pour le parti, car sa participation aux élections présidentielles de 2018, et aux élections couplées du 9 février 2020 a été entravée.

Cette entrave serait en partie due à des manœuvres présumément malsaines venant du « Secrétaire Général » qui revendiquerait « l’alliance » avec le parti au pouvoir et la « légalité » au sein de l’UPC.

L’ancien député UPC BAPOOH a été par décret présidentiel n° 2020/242 du jeudi 30 Avril 2020, nommé PCA de la Société de Recouvrement de Créances. Une nomination qui n’est pas vue d’un bon œil au sein du parti dont nombreux des membres se souviennent des relations d’Augustin Frédéric SODOCK avec le gouvernement.

L’UPC est aujourd’hui en déphasage avec ses idéaux. Une note de la police française datant de 1950 dit qu’«il nous faut bien constater que Um Nyobé et nombre de membres du comité directeur font preuve d’une honnêteté et d’une rigueur morale qui entrent pour une notable part dans leur succès ». 70 ans après, cette réflexion a-t-elle encore tout son sens ? MN

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