Avec les Nigérianes, les Camerounaises occupent le sommet des classements des prostituées originaires d’Afrique en Europe.
Si la Suisse reste leur destination de prédilection, presque toute l’Europe héberge des Camerounaises qui pratiquent le plus vieux métier du monde. Volontaires ou soumises, elles traversent l’enfer en Europe pour construire leur paradis en Afrique.
Dans chacun des quartiers huppés des grandes villes du Cameroun, il y a une villa dont on dit de sa propriétaire qu’elle « vend le piment en Europe ». Cela se dit généralement sous cape et sans preuve. Mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu ?
Quelques « réussites » au prix du déshonneur
De nombreuses Camerounaises dont la venue à la terre d’origine fait rêver en décembre, chaque année, sont silencieuses sur ce qui leur rapporte la fortune dont immeubles et voitures sont les signes extérieurs.
Quelques membres de la famille sont parfois mis au courant de ce à quoi elles consacrent leurs journées ou leurs nuits, mais quand des étrangers venus rendre visite à la tata de France ou de Belgique essaient de faire la conversation sur le sujet, c’est la loi de l’omerta.
Selon la brigade des mœurs de Lausanne, de nombreuses Africaines se confondent tous les jours dans les rues de Genève, entre 22 heures et 5 heures du matin.
Cette pratique est tellement fructueuse que la courbe des flux de prostituées camerounaise en France et en Suisse atteint des pics pendant la période estivale comme l’indiquait déjà le journal français Jeune Afrique en 2014.
Parmi ces travailleuses du sexe, on retrouve des femmes mariées et des employées d’autres professions qui tirent le diable par la queue.
Pour arrondir ses fins de mois, Emmanuelle qui s’est confiée à nos confrères assurait vivre un peu mieux en se prostituant entre 14 heures et 17h 30, avant d’arborer sa blouse d’aide-soignante pour se rendre à l’hôpital d’Orange où elle travaillait depuis plusieurs années.
Les revenus tirés de la prostitution avaient d’ailleurs permis à cette mère de quatre enfants de créer sa propre entreprise. Elle est propriétaire d’un duplex à Mbanga, la ville qui l’a vue naitre.
Les prostituées qui se targuent de la réussite que leur apporte ce qu’elles font, sont cependant l’arbre qui cache une forêt de souffrance et de douleur.
Entre trafic et dépit
Décidée à rédiger un livre sur la vie des immigrés en France, c’est finalement sur la prostitution que la Camerounaise Amely-James Koh Bela va braquer ses projecteurs en 2007, tellement l’une et l’autre se confondent.
Dans son essai intitulé Mon combat contre la prostitution, elle révèle l’inimaginable exploitation dont les Africains en général sont victimes en France. Au sujet d’une des filles dont elle a recueilli le témoignage, elle affirme qu’ « elle était prostituée et faisait partie d’un trafic, comme toutes les autres ».
« On l’a piégée. C’est un monsieur qui est allé la chercher en Afrique pour l’épouser, et il l’a mise sur le trottoir. Un jour, un homme riche de Saint-Tropez l’a choisie sur photo et l’a prise pour qu’elle vienne passer un week-end de plaisir avec lui.
En fait, ce grand chef d’entreprise l’a louée pour qu’elle couche avec son chien, pour l’anniversaire de l’animal, et ce n’est que sur place qu’elle l’a compris.
Donc quand elle est arrivée, elle a été violée pendant deux jours par le chien, y compris par le monsieur lui-même ; pendant ce temps, son épouse prenait des photos. Quand elle est repartie, elle n’a pas supporté ce qu’elle a subit », développe-t-elle dans un entretien accordé à PendaJose-blog.com.
Il existe, entre la Suisse et le Cameroun, un vaste réseau de trafic de prostituées dirigé par des Camerounais installés au Cameroun et ayant des relais en terre helvétique.
De jeunes filles se retrouvent ainsi prises au piège de proxénètes leur font la promesse d’une vie de luxe comme les ‘’Suissesses’’ savent en faire la démonstration.
Le cas de Nina
La contrainte est aussi souvent conjoncturelle. Certaines Camerounaises se retrouvent en train de se prostituer en Europe par dépit.
C’est ce qu’a révélé une étude menée par Françoise Grange Omokaro en 2018. Dans un livre intitulé ‘’Chic, Choc, Chèque », la chercheuse raconte l’histoire de trois Camerounaises livrées à la prostitution en Suisse, dont Nina.
Nina a 28 ans. Elle a grandi à Yaoundé, elle quitte le Cameroun afin d’échapper au harcèlement de la deuxième femme de son père. Elle rejoint une amie à Paris qui ne peut l’héberger.
Nina partage alors le logement d’un Camerounais rencontré dans l’avion qui la conduisait à Paris. Durant plusieurs mois, elle vit dans cet appartement qui accueille de plus en plus de monde.
Une fois ses réserves financières épuisées, elle s’adresse à son amie qui lui donne de l’argent. Cette dernière lui explique par la suite qu’elle gagne sa vie en exerçant la prostitution.
À court d’alternatives et de perspectives, Nina choisit de la suivre dans cette voie et se prostitue à son tour, pendant deux ans à Paris puis à Lausanne.
Au cours de cette période, Nina envoie parfois jusqu’à 3 000 euros par mois au Cameroun ainsi que des cadeaux pour sa mère, son père et même sa belle-mère qui était pourtant la cause principale de son départ.’’ apprend-on dans le livre.
Les chiffres sur les Camerounaises prostituées en Europe sont presque inexistants, mais le phénomène est bien réel. Entre victimes de trafics et prostituées qui s’assument, les unes et les autres se livrent dans la douleur à la vente de leurs corps. MN
À lire aussi : Prostitution et instinct de survie des déplacées de la crise anglophone
Soyez le premier à laisser un commentaire on "Prostitution : le chemin de croix des Camerounaises en Europe"