Yaoundé et Douala au concert des villes africaines les plus chères en 2021

Villes chères en Afrique

Selon le Cabinet Mercer, les villes de Yaoundé et Douala sont classés respectivement 8e et 10e villes d’Afrique les plus chères pour les expatriés en 2021. Ce classement est fait à partir des données de  l’enquête internationale Mercer 2021 sur le coût de la vie et du logement pour les expatriés.

L’indice du coût de la vie et du logement pour les expatriés

L’indice du coût de la vie et du logement du cabinet Mercer est calculé à partir des données de l’enquête sur le coût de la vie et du logement des expatriés menée en mars 2021. L’enquête porte sur 209 villes.

Obtenu sur la base des informationsobjectives sur le niveau de vie des salariés envoyés à l’étranger, cet indice mesure le niveau de vie global et comparable dans un pays. Il guide les employeurs dans la fixation des allocations et indemnités de vie pour leurs personnels en expatriation.

Afin de garantir la comparabilité, New York est utilisé comme la ville de référence et les mouvements de devises sont mesurés par rapport au dollar américain. Le taux de change et le panier de biens considérés sont ceux de la période d’enquête.

L’indice Mercer du coût de la vie est calculé sur la base de 200 articles appartenant aux catégories différentes. Il s’agit des groupes de produits suivants : logement, nourriture, produits et soins personnels, alcool et tabac, transports, produits du quotidien, vêtements et chaussures, services publics, services à domiciles, loisirs et divertissements.

Plan

  • Sources de données
  • Yaoundé et Douala au classement des villes d’Afrique les plus chères pour les expatriés
  • Les facteurs justificatifs de la hausse du coût de la vie au Cameroun
    • Solde de la balance commerciale structurellement déficitaire
    • Inflation importée
    • Effets de la pandémie
    • Effets des crises sécuritaires internes
  • Conclusion

Sources de données

Les données utilisées proviennent du rapport de l’enquête internationale Mercer 2021 sur le coût de la vie et du logement pour les expatriés, réalisé par le cabinet Mercer.

Pour étayer nos argumentaires, nous ferons recours aux données de l’Institut National de la Statistique (INS) du Cameroun, de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC) ou à d’autres sources de données.

Yaoundé et Douala au classement des villes d’Afrique les plus chères pour les expatriés

Selon le cabinet Mercer, les villes de Yaoundé et Douala sont classés 8e et 10e ville les plus chères pour les expatriés en Afrique. Ce classement obtenu à partir de la comparaison des indices du coût de la vie des pays du monde dont 39 d’Afrique, classe les capitales des villes africaines par ordre décroissant de cherté.

Le classement oppose les pays les plus onéreux pour les expatriés aux pays les moins chers pour ces derniers.

Classés par ordre décroissant de cherté, les dix (10) premières villes d’Afrique les plus chères sont : Ndjamena (Tchad), Lagos (Nigeria), Libreville (Gabon), Abidjan (Côte d’Ivoire), Bangui (République Centrafricaine), Brazzaville (Congo), Kinshasa (République Démocratique du Congo),  Yaoundé (Cameroun), Dakar (Sénégal) et Douala (Cameroun).

Il convient de préciser qu’à l’instar de plusieurs villes africaines, les rangs initialement occupés par Yaoundé et Douala se sont dégradés entre 2020 et 2021 passant respectivement de 56e rang au 49e et de 70e rang au 66selon le classement international.

En d’autres termes, initialement classé 56e ville la plus onéreuse d’Afrique en 2020, Yaoundé passe pour la 49e ville la plus chère en 2021. Il en ait de même pour Douala passant de la 70e à la 66e position.

Au titre des villes ayant des coûts de vie moins chers pour les expatriés, nous pouvons citer par ordre croissant Lusaka (Zambie), Tunis (Tunisie), Banjul (Gambie), Alger (Algérie), Addis-Abeba (Ethiopie), Blantyre (Malawi), Johannesburg (Afrique du Sud), Port Louis ( Maurice), Maputo (Mozambique) et  Cape Town (Afrique du Sud).

  • Coût de la vie dans les villes africaines (Mercer, 2021)
VillePaysRangVariation
N’DjamenaTchad12
LagosNigeria2-1
LibrevilleGabon313
AbidjanCôte d’Ivoire412
BanguiRépublique Centrafricaine519
BrazzavilleCongo66
KinshasaRépublique Démocratique du Congo7-17
YaoundéCameroun87
DakarSénégal919
DoualaCameroun104
DjiboutiDjibouti11-24
AbujaNigeria12-17
AccraGhana13-30
NiameyNiger1417
CotonouBénin1527
CasablancaMaroc167
ConakryGuinée17-30
BamakoMali1810
LoméTogo1918
CaireEgypte20-11
OuagadougouBurkina Faso2117
NairobiKenya22-50
RabatMaroc237
Dar el SalamTanzanie24-4
KampalaOuganda256
KigaliRwanda261
NouakchottMauritanie278
Cape townAfrique du Sud289
MaputoMozambique29-18
Port LouisMaurice30-9
JohannesburgAfrique du Sud318
BlanthyreMalawi32-5
Addis-AbebaEthiopie33-12
AlgerAlgérie34-4
BanjulGambie354
TunisTunisie363
LusakaZambie37-7
Source : Mercer (2021)

Les facteurs justificatifs de la hausse du coût de la vie au Cameroun

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la hausse du coût de la vie pour les expatriés dans les deux métropoles camerounaises. Ces facteurs sont d’abord structurels, du fait de la structure de l’économie, puis conjoncturels, du fait de l’effet des chocs exogènes inattendues de courte durée.

Il s’agit entre autres de la balance commerciale structurellement déficitaire, de l’inflation importée, des  crises sécuritaires internes et de la Covid-19.

Solde de la balance commerciale structurellement déficitaire

Le solde de la balance commerciale est la différence entre le montant des exportations et celui des importations des biens et services. Lorsqu’elle est positive, on dit qu’elle est excédentaire. Le cas échéant, on dira qu’elle est déficitaire.

Le solde de la balance commerciale du Cameroun est structurellement déficitaire du fait du niveau des importations dense en produits finis supérieur à celui des exportations denses en matières premières.

En effet, l’analyse des séries de la balance commerciale du Cameroun entre 2005 et 2020 révèle un déficit croissant passant de -168 milliards à -1688 milliards de FCFA. Ce déficit s’est particulièrement accentué ces trois dernières années passant de 888 milliards en 2017 à 1688 milliards en 2020.

  • Évolution de la valeur absolue  du solde de la balance commerciale  (en FCFA)
Source de données : BEAC et INS Cameroun

Inflation importée

L’inflation peut-être définie comme une hausse généralisée et persistante du niveau prix dans une zone économique quelconque, sur une période donnée. Elle est appréhendée par l’indice des prix à la consommation (IPC). Si elle peut être causée par plusieurs facteurs, sa principale conséquence est la perte du pouvoir d’achat des consommateurs.

Des travaux réalisés par BIKAI J. Landry, BATOUMEN M. Hardit et FOSSOUO Armand sur les déterminants de l’inflation dans la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) révèlent l’inflation importée comme source de la hausse du niveau général des prix.

En effet, la hausse des prix des produits importés entraine de façon mécanique celle des autres. Selon l’INS, en mars 2021, l’IPC des ménages a progressé de 0,4 % à Yaoundé contre 0,3 % un mois plus tôt. Le niveau des prix des produits alimentaires, quant à lui, a connu une hausse de 0,7 % pendant la même période.

  • Taux d’inflation en moyenne annuelle au Cameroun entre 2012 et 2021
Source de données : BEAC et INS Cameroun

Il convient de préciser que le Cameroun est importateur net des produits alimentaires. Le panier d’importations des biens alimentaires du Cameroun est composé des biens tels que le riz, le blé, le poisson, le lait, les boites de conserve et d’autres biens similaires.

Effets de la pandémie

La Covid-19 a ainsi mis en évidence les faiblesses du tissu productif camerounais. En effet, la Covid-19 a fait chuter le niveau de production des firmes industrielles dans le monde, principalement en Europe de l’Ouest, aux Etats-Unis et en Chine.

Du fait d’une forte dépendance du Cameroun vis-à-vis de ces partenaires extérieurs en produits finis, la baisse de la production liée au confinement dans ces pays a  des répercussions directes et immédiates sur le niveau des prix des pays importateurs desdits produits, en l’occurrence le Cameroun.

Effets des crises sécuritaires internes

Les crises sécuritaires internes de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-ouest influencent indirectement les prix des denrées.

Selon un rapport du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), jusqu’ici le manque à gagner des entreprises camerounaises dues à la crise anglophone est estimé à plus de 269 milliards FCFA et 6434 emplois déjà perdus.

La guerre à l’Extrême-Nord contre Boko Haram n’est pas sans répercussions sur l’économie et les populations de cette région. Selon des sources parlementaires, les pertes dues à cette crise sont estimées à plus de 200 milliards de FCFA, rapporte Actu Cameroun.

Sur le plan local, nous pouvons noter selon le témoignage des populations, une baisse du pouvoir d’achat dû au ralentissement de l’activité économique et une hausse de prix de certains produits.

Conclusion

La hausse croissante du niveau de vie dans les métropoles camerounaises peut-être expliquée en partie par la pandémie qui secoue le monde depuis 2020. Puisqu’elle est importée, cette hausse mécanique du niveau de prix est occasionnée par la forte dépendance du Cameroun vis-à-vis des firmes manufacturières extérieures.

Par ailleurs, l’instabilité due aux crises internes expliquerait  également cette situation du fait de la baisse de la production des matières premières ou des biens agroalimentaires par les entreprises locales. MN

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