Crise anglophone au Cameroun — Human Rights Watch et de nombreuses autres organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont fait état de violations graves et flagrantes des droits de l’Homme au Cameroun. Dans ses deux régions anglophones, le pays est plongé dans un conflit meurtrier dont les racines remontent jusqu’au début du 20e siècle.
Les événements clés de l’histoire politique du Cameroun en rapport avec la crise anglophone :
— 1919 : Les tensions entre la majorité francophone et la minorité anglophone remontent à 1919. En cette année, le Cameroun a est divisé en une zone administrative française (80%) et une britannique (20%) par la Déclaration de Londres de 1919.
— 1960 : En 1960, le Cameroun français obtient son indépendance des Français et devient la République du Cameroun. De même, en 1961, l’une des deux zones administratives britanniques, le Southern Cameroon, se rallie à la République du Cameroun par plébiscite. La République du Cameroun devient la République Fédérale du Cameroun. Les entités fédératives, francophone et anglophone, ont chacune le droit d’exercer leur juridiction sur leurs territoires.
— 1972 : Cependant, en 1972, un référendum [au fond anticonstitutionnel] est organisé dans le pays. La constitution interdit pourtant la tenue de tout référendum sur la forme de l’État. D’une fédération qu’il était, le pays devient un État unitaire et est rebaptisé en République Unie du Cameroun. Le passage d’un statut fédéral à un État unitaire a modifié le statut autonome de la région anglophone du Cameroun. Plusieurs anglophones s’insurgent contre le caractère anticonstitutionnel de ce référendum. Les premières frustrations naissent.
— 1983 : La République Unie du Cameroun devient République du Cameroun, la dénomination de la zone administrative française après son indépendance le 1 janvier 1960. Plusieurs anglophones se sentent frustrés par cette décision.
— 2016 : Les anglophones du Cameroun accusent la majorité francophone de les avoir privés de leurs droits fondamentaux. Ils affirment avoir été exclus des couloirs du pouvoir, marginalisés et victimes de discrimination dans la répartition des ressources du pays.
- En 2016, des avocats, enseignants, étudiants et autres habitants des régions anglophones descendent dans la rue pour exprimer leur mécontentement et leur mal-à-l’aise.
- La manifestation, pourtant pacifique, est violament réprimée par la police et la gendarmerie.
- Des groupes séparatistes surgissent et exigent la séparation des Régions anglophones de la République du Cameroun. Ils forment un gouvernement intérimaire de ce qu’ils appellent la « République Fédérale d’Ambazonie ».
— Septembre 2017 : Les groupes séparatistes anglophones prennent les armes contre le gouvernement du Cameroun. Les tensions entre les groupes armés et les forces de sécurité gouvernementales s’intensifient.
— 1er octobre 2017 : Le « Southern Cameroons Consortium Ambazonia Front » exige la séparation complète du Cameroun et annonce l’indépendance de la République Fédérale d’Ambazonie.
— Novembre 2017 : Le gouvernement camerounais déclare la guerre aux groupes séparatistes. Après cette annonce, les tensions entre les forces de sécurité gouvernementales et les groupes séparatistes armés anglophones s’intensifient.
— Janvier 2018 : Les leaders du mouvement sécessionniste sont déportés du Nigeria vers le Cameroun. Ils sont appréhendés par les autorités camerounaises. Ces arrestations, puis détentions politiques ne font qu’aggraver la situation dans le pays. Les affrontements entre les groupes séparatistes armés et forces de sécurité gouvernementales s’intensifient.
— Octobre 2018 : Le président Paul Biya est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle pour un 7e mandat. Des groupes séparatistes ne reconnaissent ni les résultats, ni l’élection en elle-même.
— Septembre – octobre 2019 – Le président Biya appelle à un dialogue national pour résoudre pacifiquement la crise anglophone. Dans le cadre de ce dialogue, la proposition est retenue de donner aux régions anglophones un statut spécial. Des prisonniers politiques, dont le chef de l’opposition Maurice Kamto, sont libérés. Les leaders séparatistes critiquent le dialogue. Le dialogue n’atteint pas les objectifs annoncés, et les violations des droits de l’Homme reprennent de plus belle.
— Mars 2020 : Les deux parties du conflit, le gouvernement et les groupes séparatistes, annoncent un cessez-le-feu pour contrôler la propagation du coronavirus. Toutefois, la pandémie mondiale pose de nouveaux problèmes. Des organisations internationales des droits de l’homme parlent de crise humanitaire.
— Septembre 2020 : Les partis d’opposition, dont le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), annoncent une manifestation contre les élections régionales et pour la résolution du conflit anglophone. Les forces de sécurité camerounaises ont recours à la violence et arrêtent des centaines de dirigeants politiques et de sympathisants du MRC. MN
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