Selon U.S. News, le Président américain Joe Biden a demandé près de 80 millions de dollars pour l’initiative « Prosper Africa » dans sa proposition de budget en mai 2021.
L’initiative vise les femmes et l’équité avec un élargissement sur le financement des petites et moyennes entreprises, déclare Dana L. Banks, Directrice pour l’Afrique au White House National Security Council.
Initiative « Prosper Africa »
L’initiative « Prosper Africa » est la volonté de l’administration américaine d’élargir les liens commerciaux entre les entreprises américaines et l’Afrique. Elle vise les domaines tels que l’énergie propre, la santé, l’agro-industrie et les infrastructures de transport sur le continent.
Selon Banks, l’objectif de l’initiative est de « revigorer l’Afrique prospère en tant que pièce maitresse de l’engagement économique et commercial entre les États-Unis et l’Afrique », rapporte U.S. News.
Doté d’un montant de 500 millions de dollars (276 milliards de Francs CFA) pour couvrir la période 2021-2025, cette initiative devrait raffermir les liens commerciaux entre les deux partenaires.
Plan
- Sources de données
- Bref historique de l’initiative « Prosper Africa »
- Les gains et les opportunités de l’initiative « Prosper Africa »
- Une opportunité pour l’Afrique d’acroître ses devises
- L’Afrique, un futur grand marché pour les entrepreneurs américains
- Un gage de sécurité et de confiance entre les deux espaces économiques
- Menaces à l’initiative « Prosper Africa »
- Sur le plan économique
- Sur le plan de la gouvernance
- Sur le plan politique et sécuritaire
- Conclusion
Sources de données
Les données et informations proviennent du journal américain U.S. News, de l’Agence Ecofin, de la Banque africaine de développement (BAD), sauf mention contraire.
Bref historique de l’initiative « Prosper Africa »
Les relations commerciales bilatérales entre les États-Unis et l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui. L’initiative la plus ambitieuse qui a mobilisé à la fois tous les pays d’Afrique subsaharienne est celle qui a débuté il y a plus de 20 ans.
Lancé en 2000 sous la présidence de Bill Clinton, la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (Agoa), qui réunit 39 pays d’Afrique subsaharienne, avait pour but d’aider à l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne.
Au 18e forum de l’Agoa en 2018, la représentante adjointe des États-Unis a reconnu que l’initiative n’a pas changé la situation de nombreux pays africains comme escompté.
En effet, selon les conclusions de la réunion ministérielle préparatoire à la réunion, seuls 18 pays sur 39 ont mis en place une stratégie nationale d’intervention pour profiter de l’Agoa, rapporte Ecofin.
Par ailleurs, d’après la même source, beaucoup d’entreprises africaines ignorent les possibilités offertes ou ne savent pas comment en profiter.
C’est ainsi qu’en 2018, l’administration Trump a rebaptisé l’initiative sous une nouvelle dénomination intitulé « Prosper Africa » qui vise à créer des milliers d’emplois d’ici 2026.
L’administration Biden a décidé de donner suite à cette initiative en accordant un premier financement de 80 millions de dollars (44 milliards de Francs CFA).
Les gains et les opportunités de l’initiative « Prosper Africa »
Une opportunité pour l’Afrique d’accroître ses devises
Créé par l’administration du Président Donald Trump en remplacement de l’Agoa, l’initiative « Prosper Africa » vise à accroître de manière significative les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux entre l’Afrique et les États-Unis.
Elle a pour but d’aider les entreprises et les investisseurs américains et africains à identifier des partenaires, faire progresser les possibilités et conclure des affaires.
Avec une ambition de financer le secteur privé africain à hauteur de 500 millions de dollars (276 milliards de Francs CFA) sur cinq ans, l’initiative « Prosper Africa » pourrait créer des milliers d’emplois à l’horizon 2026 en Afrique.
L’initiative permettra sous certaines conditions aux pays africains de stimuler leur croissance et saisir des opportunités économiques, car ils pourront accéder au marché américain sans restriction.
Selon Tibor Nagy, en son temps sous-Secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines, avec le programme « Prosper Africa », « les producteurs des pays africains peuvent avoir accès à un marché de consommation américain de plus de 300 millions de personnes, avec un pouvoir d’achat de 13 000 milliards de dollars, le plus important du monde », rapportait Ecofin.
L’Afrique, un futur grand marché pour les entrepreneurs américains
En faisant une analyse perspective de l’économie africaine, l’Afrique représente à long terme un marché juteux pour les grandes firmes.
Gagner le marché africain, c’est se positionner comme leader mondial en échanges commerciaux. En effet, à travers cette initiative, les Etats-Unis pourraient consolider leur position de première puissance économique mondiale devant la Chine et l’Union Européenne, principaux challengers.
Selon Aliko Dangoté, coprésident de l’U.S. Africa Business Center à la chambre de commerce des États-Unis, « les entreprises américaines ne voient plus l’Afrique comme un tremplin pour le commerce mondial, mais plutôt comme l’avenir du commerce ».
Avec une croissance de la population moyenne de 2,3 % par an selon la BAD, l’Afrique atteindrait fort probablement selon la même source, une forte population d’environ 1,2 milliards de personnes à l’horizon 2050.
Réservoir d’une main d’œuvres essentiellement jeune, le continent riche en ressources naturelles dispose de tous les atouts pour son essor économique.
L’Afrique est de ce fait devenue depuis quelques années le théâtre de rapport de force et de guerre commerciale entre les grandes puissances notamment la Chine, l’Union Européenne et les États-Unis.
L’initiative dans sa nouvelle formule permettra à la première puissance mondiale d’accroître sa compétitivité face à ses concurrents. Troisième partenaire commercial de l’Afrique, le pays pourrait espérer une position de partenaire privilégié.
Un gage de sécurité et de confiance entre les deux espaces économiques
Sur le plan culturel, cette initiative offre l’opportunité aux deux espaces d’échanger les bonnes pratiques en matière de paix, d’équité, et de justice. Elle pourrait de ce fait raffermir les liens d’amitiés et de confiance, gage de sûreté et de sécurité planétaire.
Ainsi, Wilbur Ross, Secrétaire d’Etat américain au Commerce à propos des relations entre les États-Unis et l’Afrique déclare : « notre relation commerciale est vitale à la sécurité et à la stabilité des États-Unis et de l’Afrique ».
Menaces à l’initiative « Prosper Africa »
Plusieurs facteurs peuvent entraver les effets escomptés par l’initiative si les dispositions ne sont pas préalablement prises.
Sur le plan socioéconomique
Selon la BAD, le défi de l’Afrique dans la formation du capital humain est de développer l’éducation et les compétences de ses populations en améliorant aussi bien la quantité que la qualité de l’éducation en adéquation avec les besoins des employeurs.
L’Afrique fait face à une inégale répartition d’infrastructures énergétiques, même si le taux d’électrification est de 54 % en 2019 selon la BAD. En effet, ce taux est très égalitairement réparti sur toute l’Afrique. A titre d’exemple, selon la Banque mondiale en 2019, ce taux est de 8,4 % au Tchad, 11 % au Burundi, 18 % au Burkina Faso, 19 % en République Démocratique du Congo,
Sur le plan de la gouvernance
Au titre des menaces relatives à la gouvernance, nous pouvons énumérer le climat d’affaires médiocre pour la plupart des pays d’Afrique selon Doing Business.
D’autres facteurs directs sont le manque de suivi et le non-respect des termes de références. En effet, selon les conclusions de la réunion ministérielle préparatoire à la 18e session de l’Agoa, seuls 18 pays sur 39 ont mis en place une stratégie nationale d’intervention pour profiter de l’Agoa, rapporte Ecofin.
Sur le plan politique et sécuritaire
Depuis plusieurs décennies, le continent fait face aux épreuves d’instabilité politique. L’alternance aux postes publics électifs n’est pas effective dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne.
Si parfois elle a été effective, l’alternance s’est faite par le concours d’armes ou de la violence. Entre 2018 et 2021 par exemple, le continent a fait face à plusieurs faits marquants. Il s’agit entre autres des violences postélectorales en Côte d’Ivoire, des coups d’Etats au Mali et au Tchad, des soulèvements populaires en Algérie et au Soudan.
Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne à l’instar des pays du sahel sont menacés par des actes de terrorismes, de rebellions et de violences internes.
Conclusion
Bien que l’initiative « Prosper Africa » soit une opportunité pour les États-Unis et l’Afrique d’évoluer ensemble, sa réussite est conditionnée par l’engagement et la bonne foi des partenaires impliqués.
Elle vient à point nommé, car le continent dans sa majorité fait face à plusieurs défis d’ordre socio-économiques et sécuritaires.
Le manque de suivi et de coordination nationale a été à la base d’échecs de l’Agoa dans la majorité des pays bénéficiaires. Ainsi, les potentiels pays bénéficiaires de l’initiative devraient prendre l’engagement de se doter de dispositifs institutionnels de suivi fiables.
Par ailleurs, pour sortir de l’impasse et tirer profit du financement, les pays africains devraient améliorer leur climat d’affaires en combattant la corruption. MN
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