Le Dr. Mathias E. Owona-Nguini est aujourd’hui l’une des personnalités les plus controversées de la vie publique camerounaise.
Autrefois pourtant fervent défenseur des libertés publiques et de l’État de droit dans son pays, le politologue s’est aujourd’hui converti en avant-gardiste déterminé du discours de haine.
Qui est-il ?
Owona-Nguini (51 ans) est né à Paris, capitale de la France. Il fait ses études supérieures dans ce même pays, à l’Université de la ville de Bordeaux (Sud-Ouest de la France).
Il retourne au Cameroun en 1998, et sert son pays comme enseignant de politologie à l’Université de la capitale Yaoundé (Campus Soa, Méfou-et-Afamba).
Le préféré du public
D’abord simple universitaire, il se fera très vite une réputation d’intellectuel en intervenant dans le débat public camerounais. Les Camerounais apprirent à aimer la clarté et la précision de son analyse, la hauteur de ses vues.
Dans un pays où le jeux politique est très souvent flou et obscur, le public apprécia le fait que le jeune intellectuel ne soit jamais ambigu dans ses prises de position. On lui attesta par ailleurs une probité morale particulière. Le Dr. Owona-Nguini gagna le cœur de bon nombre de ses compatriotes.
La déchirure – Le discours de haine
Si hier encore il fut engagé dans l’élévation morale du débat politique camerounais, et s’il fut pour plusieurs de ses compatriotes un véritable directeur de conscience, le Dr. Owona-Nguini est aujourd’hui engagé dans une tout autre voie.
Sans qu’on ne sache véritablement pourquoi, il s’est pour ainsi dire muté en un des artisans les plus en vue du discours de haine au Cameroun.
L’un des éléments pernicieux de ce discours est la question ethnique. Et là, ce sont les mêmes arguments, c’est la même insolence, la même indécence dans les propos que ce qu’on retrouvait dans les pires conflits des années 90 dans la région des Grands Lacs.
Une stigmatisation dangereuse
A la faveur d’une tribune publiée sur un journal français le 24 juin 2019, un journaliste et analyste de la politique africaine a utilisé l’expression « poison du tribalisme » en parlant de deux personnalités tristement célèbres sur la place politique au Cameroun : le Dr. Mathias Eric Owona Nguini et le Dr. Patrice Nganang.
Cette métaphore, « poison du tribalisme » traduit à la perfection la gravité des discours de haine que le politologue s’attache à construire et à véhiculer sur certains plateaux de télévision et de radio qui lui déroulent le tapis rouge à cet effet.
Pour se défendre des accusations de tribalisme dont il faisait déjà l’objet, le Vice-Recteur de l’Université de Yaoundé I s’est fendu d’une plaidoirie aussi longue que ses textes savants sur « la nécessité d’une domestication transversale de(s) différents niveaux de tension (inter)communautaire ».
« L’esprit d’hypocrisie de félonie et de zizanie des démocrates zélotes tontinards et des zélotes fambazoniens : des fascistes qui allument le feu des controverses identitaires et accusent ceux qui les dénoncent pour ça, d’être les auteurs de ce sectarisme incendiaire », a-t-il écrit sur sa page Facebook le 1er juin 2019.
« Les zélotes tontinards, des ethno-fascistes de la pire espèce comme ceux de la plateforme » Le Cameroun c’est le Cameroun » (lclc) ont pendant des années pollué la toile en confondant de manière cynique la critique décousue du régime du renouveau avec un discours viscéralement ethnocidaire contre la communauté Ekang-Fang-Beti coupable de comprendre en son sein Paul Biya », poursuit-il.
Le mot « tontinard » est né sur le brasier des campagnes de l’élection présidentielle d’octobre 2018. Cela a été la grande trouvaille utilisée par son auteur et ses alliés pour tribaliser le débat politique à cette période où le candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun semblait avoir le vent en poupe.
Ce mot fait référence à la tontine, une sorte de banque communautaire très en vue dans la région de l’Ouest du pays. Les « tontinards » sont donc ceux qu’on appelle depuis la période coloniale française « les Bamilékés ». Ces derniers, selon les vues du Dr. Owona Nguini, seraient en majorité partisans du MRC, le parti du « frère du village ».
Avec ces mots et expressions, le Dr. Mathias Éric Owona Nguini mène la stratégie qui vise vraisemblablement à stigmatiser, à isoler l’ethnie dite Bamileke. Une telle démarche scandaleuse et dangereuse n’est pourtant aucunement réprimée par les autorités camerounaises. Le Dr. Owona Nguini est libre de ses propos, malgré l’existence d’une loi « anti-tribalisme ». Rien ne lui arrive. Au contraire, il fait l’objet de promotions bienveillantes.
Fort de ce soutien des autorités camerounaises, il ne recule devant aucune immondicité dans le propos. Et là, rien n’est assez grossier, rien n’est assez scandaleux, rien assez indécent.
Au sujet des membres de la « Brigade Anti-Sardinards », une association comprenant en son sein différents groupes d’activistes camerounais opposés au président Biya et à ses soutiens, le Dr. Owona Nguini a écrit sur sa page Facebook qu’« Il S’Agit D’Une Milice Ethno-Fasciste Essentiellement Constituée De Sociétaires Provenant D’Un Même Bassin Ethno-Regional ».
Péril sur la cohésion nationale
En lisant un rapport de Crisis Group sur la situation sociopolitique du Cameroun, on se rend compte de l’impact de ce phénomène sur le tissu social.
« Avec la montée de la pression politique, les responsables politiques camerounais et l’opinion publique ont de plus en plus recours aux réseaux sociaux pour faire passer leurs messages et exprimer leurs opinions. Si la croissance des réseaux sociaux a été une aubaine pour la liberté d’expression, ces réseaux restent mal régulés. Des activistes de tous bords les utilisent pour propager la désinformation, aggraver les clivages ethniques et même inciter à la violence », lit-on dans ce rapport.
Le Dr. Owona Nguini fait partie de ces acteurs qui ont trouvé en Internet un moyen de désinformation et d’aggravation des clivages éthiques au détriment de la cohésion nationale.
L’inaction et le laxisme des autorités camerounaises doivent prendre fin. Les partenaires du Cameroun, notamment la France, doivent faire pression sur le président camerounais afin que celui-ci engage un véritable dialogue politique qui fera baisser les tensions dans le pays. MN
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