Selon l’Institut pour l’Economie et la Paix (IPE), en 2020, le Cameroun occupe le 145e rang sur 163 pays en matière de paix dans le monde.
Avec un score d’indice de paix globale de 2.7, il est classé parmi les pays dont le niveau de paix est bas à l’instar d’autres pays africains tels que le Mali, le Nigeria, l’Ethiopie, le Niger, le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Tchad et l’Egypte.
Le Global Peace Index
L’Indice Globale de la Paix (IGP) est développée par l’IEP, une agence indépendante, non partisane et à but non lucratif. Elle est basée à Sydney avec des bureaux à New York, au Mexique, à Hague, à Harare et à Brussels.
L’institution travaille au rang des partenaires internationaux, collabore avec des institutions intergouvernementales, mesure et communique la valeur économique de la paix. Elle classe les pays selon qu’ils sont pacifiques ou pas.
Calculé sur la base de 23 variables diversifiées, l’IGP est une mesure tangible du bien-être humain et du progrès en fonction du niveau de paix.
Les principaux piliers de cet indice sont entre autres les niveaux de dépenses militaires du pays, ses relations avec ses voisins, le niveau de défense des droits de l’homme, le niveau de démocratie et de transparence, l’éducation et le bien-être social.
Le score de l’IGP s’interprète en sens inverse. En effet, un pays à score faible est considéré comme un pays stable tandis qu’un pays à score élevé est considéré comme instable. La situation du pays se détériore au fur et à mesure que son score augmente.
Plan
- Sources de données
- Faits marquants
- Le Cameroun au classement Global Peace Index
- Les conséquences économiques de l’instabilité au Cameroun
- Conclusion
Sources de données
Les données proviennent de l’IGP, du Bureau des Nations Unies et du Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM), sauf mention contraire.
Faits marquants
Un rapport du GICAM en 2018 alerte que le tissu économique des Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest qui constituent près de 20% de la population camerounaise, s’effondre, tout au moins en ce qui concerne le secteur formel. Et les répercussions se font de plus en plus ressentir dans le reste du pays.
Selon le Bureau de coordination de l’action humanitaire des Nations unies, la crise anglophone a occasionné le déplacement de quelques 674 000 personnes au Nigeria, pays voisin.
Selon le GICAM, le manque à gagner des entreprises camerounaises dues à la crise anglophone est estimé à plus de 269 milliards FCFA et 6434 emplois déjà perdus.
La même source précise que cette crise a occasionné une perte de 56 milliards des recettes d’exportations de la filière cacao alors que le Sud-Ouest représente 45 % de la production cacaoyère dans le pays.
Le Cameroun, pays instable au classement Global Peace Index
Selon l’IEP en 2020, le Cameroun est classé 145e sur 163 pays au classement mondial en matière de paix avec un score de 2,7.
Le Cameroun se trouve donc, derrière l’Ethiopie, dans le top 20 des derniers pays en matière de paix sur les 163 ayant fait l’objet d’un classement.
Le pays était classé 138e au classement de 2019 avec un score de 2,538 selon la même source. En d’autres termes le climat de paix s’est dégradé au Cameroun cette dernière année.
En outre, tout comme en 2019, la même source indique que la paix s’est dégradée dans le pays en 2020 avec une variation de 4 %.
Si le classement du Cameroun par l’IGP n’est pas satisfaisant au niveau mondial, il l’est encore moins au niveau du continent.
En effet, pays instable avec une coloration tout en orange selon l’IEP, le Cameroun occupe le top 10 des pays africains les plus instables.
Dans leurs ensembles, les pays africains se répartissent en quatre groupes selon que leur score en IGP est faible ou élevé.
Le premier groupe est celui des pays en vert, c’est-à-dire stables avec des scores allant de 1,592 à 1,892. Il est composé de Maurice, du Ghana, du Botswana, de Sierra Leone, du Sénégal et de la Tanzanie.
Le deuxième groupe est celui qui représente les pays moyennement stables avec des scores allant de 1,909 à 2,344. Ce sont le Malawi, la Guinée Equatoriale, le Madagascar, la Zambie, le Nigeria, l’Angola, le Rwanda, l’équateur, la Guinée, le Gabon, le Bénin, la Tunisie, la Guinée Bissau, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, Djibouti, Lesotho, l’Ouganda, le Togo, le Kenya, la Mauritanie, l’Algérie, le Congo et l’Afrique du Sud.
Le troisième groupe est composé des pays instables avec des scores assez élevés variant de 2,397 à 2,813. Il s’agit des pays suivants classés par ordre: Egypte, Burundi, Tchad, Zimbabwe, Burkina Faso, Erythrée, Niger, Ethiopie, Cameroun, Nigeria et le Mali.
En bas du classement, on peut citer les pays très instables notamment Soudan, la Centrafrique, la Libye, la République Démocratique du Congo (RDC), la Somalie et le Sud Soudan.
Les conséquences économiques de l’instabilité au Cameroun
John Maynard Keynes, prix Nobel de l’économie et auteur du livre sur le traité de Versailles intitulé conséquences économiques de la paix paru en 1919, s’est inspiré du désastre causé par la première guerre mondiale.
En effet, ayant engendré une perte en vie humaine estimée à 8 millions de morts et six millions d’invalides, la première guerre mondiale qui a détruit l’économie européenne, a rendu l’Europe débitrice vis-à-vis des Etats Unis.
Le Cameroun, foyer de vives tensions depuis au moins cinq ans, connait une instabilité qui n’est pas sans conséquence sur l’activité économique.
Une étude du GICAM sur l’impact de la crise anglophone fait état de plusieurs constats sur le plan économique.
Sur le plan macroéconomique, le rapport du GICAM estime que la crise a déjà coûté 2 153 192 651 F CFA de destructions de biens immobiliers, de matériels roulants et meubles.
Et le manque à gagner en termes de Chiffres d’Affaires est estimé à 269 056 139 065 F CFA. Il s’agit des secteurs de la filière du café/cacao, des agro-industries, des télécommunications, des services agricoles, etc.
Selon la même source, 86 % des entreprises investiguées témoignent que la crise a eu un impact négatif et important sur leurs activités.
Selon le même rapport, la crise anglophone a occasionné une perte de 56 milliards de FCFA dans les filières du café et du cacao, soit 20 % des recettes d’exportations.
Il convient de préciser que la région du Sud-Ouest représente 45 % de la production nationale cacaoyère alors que le Nord-Ouest est le principal producteur du café arabica représentant plus de 70 % de la production nationale.
La même source précise que cette crise a occasionnée une perte de chiffres d’affaires des transformateurs locaux estimée à 10,8 milliards de FCFA. Dans le domaine de l’agro-industrie, la perte occasionnée par la crise est estimée à 12 milliards de FCFA.
On note, selon la même étude, une baisse de 60 % d’activités des entreprises spécialisées dans les services d’agriculture.
Par ailleurs, les entreprises brassicoles observent des pertes allant jusqu’à 40 milliards de FCFA.
En outre, le rapport du GICAM fait état de la destruction des équipements des entreprises de télécommunication et un manque à gagner mensuel d’un milliard de FCFA.
La guerre dans l’Extrême-Nord contre Boko Haram n’est, elle non plus, sans répercussions sur l’économie et les populations de cette région.
Sur le plan macroéconomique, cette guerre a mobilisé des moyens financiers énormes au Cameroun et dans la sous-région. Par exemple en 2015, la CEEAC aurait mobilisé 50 milliards de FCFA pour soutenir cette lutte contre le terrorisme international.
Selon des sources parlementaires, les pertes dues à cette crise sont estimées à plus de 200 milliards de FCFA, rapporte le journal en ligne Actu Cameroun.
Sur le plan local, nous pouvons noter, selon le témoignage des populations, une baisse du pouvoir d’achat dû au ralentissement de l’activité économique et une hausse de prix de certains produits.
Conclusion
Le mauvais classement du Cameroun au niveau mondial en matière de paix témoigne bien des foyers de tensions auxquels le pays fait face. Les conséquences de cette instabilité sont énormes tant sur le plan économique que social. La recherche de la paix apparait comme une urgence. MN
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