Les enjeux de la faim au Cameroun

les enjeux de la faim au CamerounLe Cameroun fait face à des nouveaux défis qui influencent la crise de la faim. Comme nouveaux défis, on peut citer les crises sécuritaires de l’Extrême-Nord et de la zone anglophone ainsi que la crise socio-sanitaire

La faim au  Cameroun – Selon l’Institut National de la Statistique (INS),  environ 9,9 %  de camerounais vivaient dans la famine en 2017, contre 15,4 % en 2014. Nonobstant ces quelques avancées remarquables, la situation reste préoccupante.

Fait surprenant : les chiffres du ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER) révèlent que chaque seconde en 2016, lors de la vente aux particuliers ou aux consommateurs eux-mêmes, environ 66 tonnes de nourriture ont soit fini à la poubelle, soit été recyclés en nourriture animale. Ceci représente un gaspillage quotidien de 6 à 11 kg de denrées alimentaires par personne.

De façon globale, selon Africa SDG index,  les indicateurs de la faim sont orange et la situation demeure encore grave selon IFPRI.

Le Cameroun fait face à de nouveaux défis qui influencent la crise de la faim. Au titre des nouveaux défis, nous pouvons citer les crises sécuritaires de l’Extrême-Nord et de la zone anglophone ainsi que la crise socio-sanitaire.

Quelles sont donc les enjeux de la faim, fléau du siècle ? Que pourraient être l’ampleur des pertes alimentaires sur la réduction de la faim ?

  • I. Une priorité mondiale
  • II. Faits marquants
  • III. Faits surprenants : des pertes de denrées alimentaires creusent la faim
  • IV. Conclusion

I. Une priorité mondiale

Après le rapport d’évaluation sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont les résultats sont fortement mitigés, les Chefs d’Etats et de Gouvernements, réunis sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies (ONU) le 25 septembre 2015 ont décidé de la continuité du programme de développement mondial sous la dénomination des Objectifs de Développement Durable (ODD).

L’un des objectifs (objectif numéro 2) de cette initiative est consacré à l’élimination de la faim partout dans le monde et pour tous les individus sans discrimination. Le Cameroun, comme d’autres pays d’Afrique subsaharienne, est signataire de cette initiative planétaire.

II. Faits marquants 

Selon la Fao, la prévalence de la sous-alimentation, indicateur d’appréciation de la faim, serait passée de 38 % en 2001 à environ 9,2 % en 2020, soit une baisse apparente de plus de 20 points en deux décennies. Et pourtant, la situation reste préoccupante.

En effet, selon une publication de Sustainable Development Goals (SDG) Africa en 2020, cet indicateur est resté en orange, c’est-à-dire juste après le rouge par ordre de gravité avec une tendance constante.

Selon l’institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), la situation de la faim reste grave au Cameroun, bien que l’indice de la faim, selon ces chiffres, soit passé de 40,3 à 22,9 entre la période 1992 et 2016.

Ainsi, le Cameroun est encore loin d’avoir un indice inférieur à 9.9, standard recommandé par la même institution pour être en situation de faim faible.

En 2016, selon la FAO, la prévalence d’insécurité alimentaire grave était de 27 %, soit la moitié de celle modérée. Mais fait curieux : on contaste une perte énorme de denrées alimentaires par an depuis la récolte jusqu’à la consommation.

III. Faits surprenants : des pertes énormes en denrées alimentaires creusent la faim

Une étude diagnostique de la réduction des pertes après la récolte de trois cultures (manioc, tomates et pomme de terre)  menée par la FAO en 2018 fait un état de pertes agricoles.

En effet, cette étude fait état d’une perte globale de 81 000 tonnes de manioc pendant et après la récolte. Les pertes globales depuis la récolte jusqu’à la consommation représentent environ 40% de la quantité produite.

Quant à la culture de tomates, l’étude fait état d’une perte globale représentant environ 39 % de la quantité produite. Les principales causes de ces pertes sont entre autres, les mauvais états des routes, le manque de moyen de conservation ou l’abondance sur le marché.

S’agissant des pommes de terre, l’étude révèle qu’environ 50% de la production est perdue en prérécolte, et environ 6% après la récolte pendant la commercialisation ou la consommation. Ce qui correspondrait à une perte globale d’environ 28%.

  • Proportion des pertes en pourcentage des quantités produites (%)
Source : données FAO

Selon le MINADER, en 2016, chaque seconde lors de la vente aux particuliers, ou par les consommateurs eux-mêmes, environ 66 tonnes de nourritures finissent dans la poubelle ou mieux sont transformés en nourriture animale. Ceci représente selon la même source un gaspillage quotidien par personne d’environ 6 à 11 Kg.

Ces pertes constituent un manque à gagner et présente un coût social énorme. Ces quantités sont perdues soient par manque de moyen sophistiqués de récoltes, par manque de moyens de conservations ou par pur gaspillage par la population.

Même si des facteurs occasionnels amplifient la situation de la  faim, il n’en demeure pas moins que les pertes et les gaspillages alimentaires expliquent structurellement cette situation.

IV. Conclusion

Si la situation de la faim s’est certes beaucoup améliorée au cours des deux dernières décennies, la plupart des indicateurs sont soit au rouge soit à l’orange. Beaucoup d’efforts restent à fournir et les défis sont énormes.

Les pertes observées au cours de la production ou après celle-ci, dénotent des pratiques agricoles archaïques, mais aussi d’une mauvaise allocation des ressources.

Même si la faim concerne essentiellement les populations touchées par la pauvreté, il convient de reconnaitre que ce fléau n’aurait pas perduré si les ressources étaient efficacement employées.

Au titre des nouveaux défis nous pouvons citer entre autres les crises sécuritaires et socio sanitaires constituants une menace à l’amélioration desdits indicateurs. Elles impactent négativement la sécurité alimentaire.  MN

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