L’Algérie, le plus grand pays africain, grand par son histoire, ses ressources et son influence sur la région. Aujourd’hui, ce pays fait face aux plus grands défis socio-économiques, politiques et géostratégiques.
Les deux dernières années ont été aussi mouvementées que décisives pour l’avenir de l’Algérie. Si les conflits dans ce pays ont toujours été réglés dans la violence et le sang, les nouvelles générations sont déterminées à tourner cette page et à proclamer leurs droits et instaurer le changement à travers les revendications pacifiques.
Si aujourd’hui, Tebboune avoue être reconnaissant pour le mouvement Hirak qui a été à l’origine du changement, certains militants restent catégoriques et continuent à le rejeter et réclamer un changement radical du système.
Est-ce que les décisions de Tebboune, au lendemain de son retour d’Allemagne, seront suffisantes pour remettre l’Algérie sur les rails et apaiser les esprits ?
Fragilité politique accentuée par des indicateurs économiques alarmants !
Nommé à la présidence de la république Algérienne par l’armée, et conscient de la fragilité de sa légitimité, Abdelmajid Tebboune tente vite de racheter vainement ses droits. Son rejet par la majorité des Algériens n’a fait que se confirmer à travers le boycott spectaculaire du référendum constitutionnel.
A cette crise politique s’ajoute une crise économique aggravée par la situation sanitaire chaotique et annonçant le retour à la surface des tensions sociales.
En effet, l’économie Algérienne repose principalement sur l’exportation du gaz et du pétrole qui s’est retrouvée en chute libre à cause de la crise sanitaire mondiale. Les revenus des hydrocarbures représentent 60% des recettes fiscales et 19 % du PIB, les conséquences seront donc lourdes sur le plan économique et ingérables sur le plan social.
Tebboune enchaîne les décisions pour rattraper le temps perdu !
Depuis sa nomination Abdelmajid Tabboune, se retrouve de plus en plus isolé tant par la question de sa légitimité que par l’enchaînement d’évènements qu’il était incapable de prévoir ni de gérer.
La crise sanitaire qui s’est déclenchée depuis le début de son mandat s’est couronnée par son atteinte par le COVID 19 et son hospitalisation pendant deux mois en Allemagne. L’ironie du sort a fait que l’Algérie se retrouve encore une fois gelée entre les mains d’un homme malade.
Une fois de retour et même si son état prêtait encore à s’inquiéter, Tebboune plus conscient que jamais que chaque minute qui passe est fatale, il veut marquer mais aussi apaiser les esprits lors de la journée nationale du chahid pour annoncer plusieurs décisions importantes :
- La libération d’environs 60 détenues du Hirak
- L’annonce de la révision de la Constitution de façon à inclure les revendications de Hirak
- La dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN)
- La tenue d’élections anticipées
- L’annonce d’un remaniement ministériel
- Lancement des chantiers de la mise en place de l’« Observatoire national de la société civile », du « Conseil supérieur de la jeunesse », et du conseil de la création de la « Cour constitutionnelle ».
- L’augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG) à 20 000 dinars et exonération des salaires inférieurs à 30.000 Dinars.
- L’annonce d’un accord avec les Russes pour la production en Algérie du vaccin +Sputnik V+ dans 6 à 7 mois.
Une lueur d’espoir pour certains et des faux espoirs pour d’autres !
Les décisions de Tebboune venues à la suite d’une longue vacance politique ont certes marqué les esprits mais de façons différentes. Ces décisions pourtant révolutionnaires, n’ont pas fait l’unanimité.
Il faut dire que la plupart de la classe politique ainsi que des organisations nationales (Front El Moustakbal, FLN, ONM, RND, EL Islah, Jil Jadid…) ont plus ou moins salué ces décisions et ont exprimé être optimistes à cet égard.
D’un autre côté, d’autres restent sceptiques et beaucoup moins enthousiastes. Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme réclame des mesures plus concrètes dans le cadre du respect des libertés et des droits de l’homme.
Kader Abderrahim, spécialiste de la politique algérienne pense que ces décisions sont juste une tentative de rester au pouvoir et ne portent pas sur le fond des revendications du mouvement Hirak, qui étaient de démanteler le système en lui-même.
Le 16 février 2021, le mouvement Hirak fête son deuxième anniversaire et n’hésite pas à faire resurgir à la surface ses revendications initiales.
Comme tous les pays la conjoncture actuelle impose à l’Algérie d’innombrables défis. L’instabilité politique rend les choses encore plus compliquées à gérer.
Il faut dire que malgré toutes les difficultés, Tebboune a tout de même essayé de s’adapter pour instaurer un climat de stabilité suffisant pour pouvoir lancer les chantiers les plus urgents et tendre le regard vers une Algérie meilleure. MN
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