Ngando Pickett, l’allégorie du patriotisme sans faille

ngando pickettFootball – 2021 Chan – Demi-finale – Maroc contre Cameroun – Stade Limbe – Cameroun. Les supporters camerounais, dont Ngando Pickett, avant la demi-finale de Chan 2021 entre le Maroc et le Cameroun au Stade Limbe au Cameroun le 3 février 2021 © Alain Guy Suffo/Sports Inc. NUR: 57 888 683 via picture alliance / empics | BackpagePix

Le 29 octobre dernier, l’ancien latéral gauche des lions indomptable a entamé son dernier voyage. Au milieu de la foule venue nombreuse pour dire ses adieux à Ephrem Mbom, on distinguait la silhouette particulière d’Henry Mouyébé. Il était là pour accompagner à sa dernière demeure celui dont il avait célébré les exploits comme il a toujours su le faire depuis plusieurs décennies.

Au Cameroun, aussi vrai que le football rassemble les peuples, Ngando Pickett est l’allégorie du patriotisme. Du haut de ses 63 ans, il porte fièrement son étiquette de « mascotte des lions indomptables ». Il pousse les joueurs de l’équipe nationale du Cameroun à la victoire depuis 1998.

Un parcours héroïque

« Ça fait 15 ans que je suis derrière les Lions sans rien avoir. J’ai trop galéré» Ces mots traduisaient, en 2010, le dépit qui animait Henri Mouyébé dit Ngando Pickett, dans le tourbillon de l’affaire qui l’opposait alors au géant Puma. Ce dernier en exploitait des images pour sa campagne de la Coupe du monde 2010.

Au-delà de ce dépit, il fallait surtout voir l’expression de la lassitude d’un héros qui s’était engagé seul, sans soutien, à suivre en direct les aventures des lions indomptables et à donner de sa voix dans les gradins pour les encourager.

Son aventure de supporter a commencé en 1984, avec son groupe Les Tambourineurs. Ce groupe constitué de chanteurs et danseurs ne manquait, à cette époque, aucun des grands matchs programmés dans les stades omnisports de Douala et Yaoundé, surtout lorsqu’il s’agissait de Caiman de Douala. Il y allait chanter et danser indépendamment des performances des joueurs. L’essentiel c’était de supporter.

En 1998, Ngando Pickett voit plus grand. Il se lance dans une aventure hors des frontières du Cameroun, à la faveur de la coupe d’Afrique des Nations qui se déroulait cette année-là au Burkina Faso.

Dans des conditions parfois très difficiles, il a multiplié des voyages sur les traces des Lions Indomptables, et s’est rendu dans plusieurs stades qui accueillaient la compétition.

En 2000, à l’occasion de la CAN co-organisée par le Ghana et le Nigéria, Ngando brave les obstacles de la route avec neuf autres membres de son groupe. Ils se rendent au Ghana en finançant le voyage par leurs maigres moyens.

Les sacrifices vont commencer à payer. Le groupe se fait remarquer par le public et la presse. Les supporters des équipes adverses en font la cible de leurs attaques. Ngando est considéré par ces derniers comme le sorcier de l’équipe nationale du Cameroun. Il n’en est pourtant rien.

Il faut cependant plus que des attaques d’adversaires pour stopper la dynamique impulsée par Henry. Si ses voyages ont souvent été pris en charge par le Ministère des sports et de l’éducation Physique.

Ça a été la désillusion pour la mascotte des lions indomptables en 2010 alors qu’il attendait son visa pour la Coupe du monde que se préparait à abriter l’Afrique du Sud.

« Généralement, c’est le Ministère des sports et de l’éducation physique qui me prend en charge. Mais cette fois-ci, le Premier ministre n’a pas validé une liste pléthorique qui venait du Minsep et sur laquelle je figurais  », a-t-il confié aux confrères de Camfoot.com.

  «  Je suis mal dans ma peau ! fulmine-t-il. Je ne comprends pas comment je peux être la mascotte des Lions indomptables, être en vedette dans le métro parisien pour mon soutien inconditionnel à l’équipe nationale de mon pays, mais que je ne sois pas choisi pour aller encourager des Lions indomptables pour la première Coupe du monde qui se joue sur le sol africain  », regrettait-il.

Le périple de la team Ngango ne s’est cependant pas arrêté là. On a vu l’homme tricolore du Cameroun dans les gradins à l’occasion de plusieurs autres compétitions notamment le Championnat d’Afrique des Nations pour lequel Ngado Pickett et sa troupe se sont préparés comme les joueurs attendus pour l’événement.

Une fierté nationale

En décembre 2017, Henry a été élu meilleure mascotte des sélections nationales à l’occasion de la toute première édition du Festival national des Supporters (Fesnas). Ce sacre témoigne encore de la place que l’homme occupe dans les cœurs de ses compatriotes.

Le 14 février 2015, Ngando Pickett est l’une des attractions de la Course de l’Espoir au stade Molyko de Buéa. Les spectateurs se bousculent pour garder, en images, des souvenirs de cette rencontre avec la « star ».

Il se sent presque pousser des ailes, lui dont l’image a presque toujours été dans l’ombre de ceux pour qui il a consacré sa vie. Ses compatriotes lui témoignent leur amour et leur reconnaissance.

A la première édition des RSI Trophées, il arrive deuxième dans la catégorie « Tribune d’or du meilleur supporter », derrière les supporters de Bamboutos de Mbouda dont la démonstration de force avait impressionné le pays tout entier à la finale de la Coupe du Cameroun.

Ses amis de qui il tient le nom Wilson Pickett du fait de ses incroyables qualités de danseur ne se doutaient certainement pas qu’Henry Mouyébé danserait dans des gradins pour encourager les Lions Indomptables du Cameroun.

Ancien joueur de deuxième division, Ngando Pickett a finalement échangé son short contre un caleçon géant qui est resté sa marque déposée.

Reconnaissable parmi de milliers de supporters, ce père de deux enfants est un passionné de l’équipe nationale du Cameroun. Ce fils d’ancien président du Caïman Club de Douala est tombé amoureux du football alors qu’il apprenait encore à se déplacer. Cet amour inconditionné, il faut pourtant en vivre. MN

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